30 septembre 2025 Vie du Candidat
Vers la fin du télétravail ?

Il y a quelques années, le télétravail était encore perçu comme un avantage réservé à certains cadres hors production. Aujourd’hui, certaines entreprises parlent déjà de retour au bureau. Alors, assiste-t-on vraiment à la fin de cette évolution du travail ?
1) Aux origines : un privilège rare
Le télétravail n’a pas attendu le Covid pour exister. Né aux États-Unis dans les années 1970, il s’installe timidement en France dans les années 1990 et est encadré par un premier accord interprofessionnel en 2005. Jusqu’en 2020, il restait l’exception.
Dans certains grands groupes parisiens, il permettait de limiter les coûts immobiliers, ou d’accompagner des salariés installés dans des villes accessibles en TGV (Lille, Nantes, Le Mans). Un moyen de fuir les embouteillages, les grèves, de devenir propriétaire dans des villes plus accessibles et de concilier vie pro et vie perso.
Mais travailler à domicile exigeait déjà une discipline personnelle : espace dédié, organisation stricte, capacité à résister aux sollicitations domestiques… Une difficulté qui pesait particulièrement sur les femmes, souvent plus exposées à la charge mentale.
2) Le choc de la crise sanitaire
Avec la pandémie, le télétravail passe du privilège au réflexe imposé. En 2020, 42 % des salariés français travaillent à distance. Mais ce « télétravail de crise » est bien particulier : écoles fermées, maladie, visioconférences enchaînées… Beaucoup y ont vu une source d’épuisement.
Cette période a pourtant prouvé qu’il était possible de maintenir l’activité sans être au bureau, voire de l’optimiser. Moins de transports, plus d’autonomie, un meilleur équilibre : autant d’arguments qui ont séduit une partie des salariés.
3) Une nouvelle norme installée
Après les confinements, le retour au « tout présentiel » a semblé difficile et parfois intenable. En 2023, 26 % des salariés (soit 6,1 millions de personnes) télétravaillent régulièrement, contre seulement 2 millions en 2019.
La pratique concerne surtout les cadres (65 % d’entre eux y ont recours) et s’est stabilisée autour de un à deux jours par semaine dans la majorité des entreprises. Même ceux qui habitent à proximité de leur bureau apprécient cette flexibilité. Certaines organisations sont allées plus loin, réduisant leurs locaux pour financer du télétravail à temps plein.
4) Les signaux d’un retour
Depuis 2023, plusieurs grands groupes — Amazon, Ubisoft, Publicis, Société Générale — demandent un retour massif au bureau. En cause : baisse supposée de productivité et de la créativité, difficulté d’intégration des jeunes et besoin de renforcer la culture d’entreprise.
Il faut le reconnaître : le présentiel garde des atouts uniques. Les échanges spontanés, les idées nées de discussions informelles, ou encore l’« effet machine à café » restent difficiles à reproduire en visioconférence.
Mais attention à ne pas généraliser. Selon Cadremploi, 75 % des entreprises n’ont pas changé leur politique télétravail en 2024, et plus d’une sur deux ne prévoit pas de la modifier en 2025. Plutôt qu’un recul, il s’agit d’ajustements ciblés.
5) Entre droit et attentes sociales
Un autre point est souvent oublié : la dimension juridique. Lorsqu’il est inscrit dans un accord collectif ou un contrat, le télétravail ne peut pas être supprimé sans négociation.
Et au-delà du droit, il y a la réalité sociale. Près d’un salarié sur quatre envisagerait de démissionner si on lui imposait un retour forcé au bureau. Dans un marché de l’emploi tendu, les entreprises savent que la flexibilité est devenue un levier d’attractivité et de fidélisation.
Alors, la fin du télétravail ?
Non, mais la fin de son « âge d’or », marqué par la généralisation forcée pendant le Covid.
Aujourd’hui, le télétravail entre dans une phase de maturité. Il n’est plus un simple bonus, mais une composante du contrat social. Bien pensé, il réduit le stress et améliore la qualité de vie. Mal encadré, il isole, fragilise l’intégration et dilue la culture d’entreprise. Plutôt que de parler de fin, il faut parler d’équilibre. Un télétravail plus raisonné, plus exigeant — pour les salariés comme pour les organisations.
Et vous, comment percevez-vous cette évolution ? Vers un télétravail durable, ou un retour inévitable au bureau ?
Sources : CARTESIO , Cadre Emploi et Journal du Net